Il arriva vrombissant au dessus du pré, encore ivre du sang de sa précédente victime.
Une vache paisible paissait lourdement ancrées sur le pré. Le regard vide, elle mâchonnait pensant à la prochaine bouchée, à sa future rumination, De temps en temps, un veau tirait sur ses mamelles pleines, à moins que ce ne soit le paysan ou sa compagne.

Le moustique, de loin vit l'énorme réservoir de sang frais, vrombissant de plus belle, il piqua vers sa proie, il entra dans l'oreille de l'usine laitière, Mu par un sentiment de toute puissance, il s'écria : « J'arrive ô terre promise ! ».

La vache, sourde à toute poésie lyrique, émit à peine un vague mugissement de satisfaction, remua la queue, puis l'oreille touchée par l'atterrissage du vampire. Dracula encore ivre de sa précédente orgie, s'endormit au creux de son éden, du moins le voyait-il ainsi, Au matin, poussée par le faim, il voulut goûter le gisement, il chercha à forer le cartilage. Le bovin sentit à peine un fourmillement tout en continuant à ruminer l'herbe grasse des pâturages. Rien n'arrête un tel animal en quête de nourriture terrestres.

Après quelques heures de lutte acharnée, exténué et déçu par ce qui lui avait semblé être un Eldorado, le moustique pris de nouveau son envol, hurlant à qui voulait l'entendre, qu'il quittait ce no-man's land.

Bien des fois, nous croyant arrivé, nous crions à la face du monde notre vanité. Quand déçu nous quittons enfin ce nid douillet et peu enrichissant, personne ne s'en aperçoit. Notre présence, que nous pensions indispensable est passée inaperçu.

Les jeunes loups dynamiques feraient bien de méditer cette fable avant de se croire en territoire conquis, parfois, on a beau être près du cerveau, on est pas entendu pour autant.